Le calme s’est fait dans l’appartement. J’ai les idées dans la brume ou quelque part dans les environs. Voilà je ne sais combien de temps que je tourne autour de la même obsession, que je cours après la même pensée, fixe, elle, pas comme moi, qui oscille autour, et je sais qu’il faut que je l’accomplisse ou que je l’abandonne, il n’y a pas de tiers, parce que tout tiers serait une perte, une part en moins. Or, l’abandon serait un échec. Dès lors, plus qu’une alternative : ou bien échouer ou bien réussir, qui ne ressemble à rien, certainement pas à un grand dessein. Il fait chaud dehors, il paraît, et moi je frissonne de temps à autre dans l’appartement. Pas envie de sortir. Je regarde la lumière de loin, bête qui guette dans mon coin, à l’affût de signes effacés. La colère ne sert à rien. Qu’à alourdir le monde. Il faut s’en dépouiller, la laisser à elle-même, un adieu au bas-côté. Température ressentie 34°C, dit la météo. Mais ce n’est pas ce que je ressens, moi, qui ai un peu plus froid que ça. Enfermé. Oui, mais de mon plein gré. À l’issue d’un décret de ma volonté. Faux. Pas envie de soleil. Tout simplement. Aujourd’hui. Hier, la ville me parut sale. Trottoirs couverts d’excréments, gravas, mégots, papiers gras, masques, je ne sais quoi, je ne veux pas détailler : tout un peuple de rebuts jetés là sans considération pour la vie et les vivants. Comme c’est à nous-mêmes que nous infligeons une telle laideur, il est à craindre qu’on soit en mesure de juger du degré de vitalité d’un peuple en considérant ce qu’il balance derrière lui, sans même lui accorder une seconde de sa pensée. Et, contrairement peut-être à une idée trop répandue, enfin, je crois, je n’en sais rien, je devine, je ne suis certain de rien, contrairement à une idée trop répandue, ce qui est le plus civilisé est toujours à l’image de ce qui l’est le moins, et inversement, le moins, le plus, d’un bout à l’autre de la chaîne de déraison, tout se tient dans une solidarité parfaite que nulle volonté n’accomplira jamais. De la brume dans laquelle flottent mes idées comme de petits nuages de fumée, je décide de ne rien faire. J’attends de dormir. Vivement demain. Quel songe étrange.

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