Tout se ressemble-t-il ou est-ce moi qui ne sais plus faire la différence ? J’aime l’aveuglement paradoxal que procurent certaines visions. On pourrait dire oxymore. Vers dix heures, hier au soir, il ne faisait pas tout à fait nuit quand j’ai regardé la lune dans ce ciel qui me sembla d’un bleu plus profond encore que celui qu’on peut admirer, surtout par temps voilé, dans cette chaleur lactée. J’en pris la photographie, mais aujourd’hui celle-ci ce ciel ne le rend pas. Est-ce pour cette raison qu’on dit aussi d’une photographie qu’elle capture une image ? Parce qu’elle la prend pour ne jamais la rendre. D’ailleurs, la réalité ne se rend pas, elle semble là, qu’on la voie ou ne la voie pas. Dans le dictionnaire, j’ai cherché un synonyme du mot laiteux, et celui-là m’a donné l’idée d’un jeu de mots que je n’ai pas fait. Tant mieux. Deux voiles d’un blanc triangulaire traversent le paysage marin et puis disparaissent derrière un arbre, que surplombe une grue qui surplombe un interminable chantier. La vie se construit sur des on dit, des histoires rapportées par des gens qui ne les ont pas vécues. Ainsi se fait la réalité. J’aimerais faire l’économie de la perspective pour contempler la platitude du voir.

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.