Le ciel ment et moi je prétends le croire. Mais pourquoi ? Pour le plaisir de singer la vérité ? Singer, n’est-ce pas ce genre de mots que j’emploie trop souvent ? Quels mots outre lui, quels mots est-ce que j’emploie encore trop souvent ? Je n’en dresserai pas la liste. Mais ces mots, ces mots que je me dis sans les dire à haute voix ni par écrit, ces mots expriment-ils quelque sens de plus qu’eux-mêmes ? Ont-ils un sens qui survient sur leur sens propre ? Ou font-ils semblant ? Comme moi. Aujourd’hui. Temps gris. Pluie horizontale. Les nuages s’écartent tard au moment du soir. T’en souviens-tu ? Amiens et ses rayons nocturnes, mes pantalons courts dans une soirée trop froide pour tolérer semblable incursion dans l’univers de la bourgeoisie (petite). Maman les avait voulus. Et qui pouvait bien désobéir à maman ? Est-ce cela, le patriarcat ? Bourgeois ou papa, tout comportement auquel ne préside pas une idéologie dûment répertoriée (où se trouve le catalogue d’icelles ?) n’est-il pas d’emblée suspect ? J’écris lentement. Les coudes plantés dans le matelas du lit sur lequel je me suis allongé à plat ventre. J’entends des explosions artificielles. Loin. Là-bas, de l’autre côté de l’appartement, je tends l’oreille pour écouter Daphné qui, attablée à dîner, chasse des mouches à grands coups de coups. Que ne la baptisâmes-nous Artémis ? C’était l’une de mes idées. Étrange enfer, par exemple, de Socrate, lui qui, pour avoir été le premier à avoir une idée, fut assassiné, étrange, cependant que n millions d’imbéciles furent et seront sauvés, dit Dante, tout ça pour une histoire de nom, de religion, genre d’étroitesse d’esprit dont fit preuve, tant d’ans plus tard, le petit prêtre qui baptisa Daphné. À qui la faute ? Ô ma petite hellène, ne cesse pas de changer. Chasse, tue, change, sois ta métamorphose. Ô laurieuse Daphné.

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