13.7.21

Chaque jour, le sentiment que la bêtise occupe une place plus grande encore que la veille a un effet quasi paralysant. Que puis-je bien faire, moi, dans un monde comme celui-ci ? De quel espoir d’exister disposé-je réellement ? C’est le stade 1 de la conscience, en quelque sorte. Et, si j’en demeure à ce stade, rien ne justifie que je sorte de mon lit le matin, si je ne dispose d’aucun espoir d’exister, tout effort, même le plus infime, est peine perdue. Mais y a-t-il un stade 2 ? Doit-il y avoir un stade 2, quelque chose comme une révélation (même banale, même pas mystique) d’une vérité plus profonde du monde, au-delà des apparences, au-delà de la sociologie triviale par la contrainte de laquelle nos corps sont gouvernés ? Mais qu’il y ait un stade comme celui-ci ou qu’il n’y en ait pas, est-ce que cela change quoi que ce soit ? (Ceci ne constituerait-il pas une manière de stade 3 ?) Que je ne sois pas fondé à croire que quelque chose comme un vérité plus profonde que les vérités triviales de la vie ordinaire existe, une vérité unique, qui plus est, cela ne doit pas impliquer que je reste dans mon lit, que je renonce à tout effort. Ne pas croire en cette sorte de vérité ne doit pas me donner lieu de désespérer, ni me donner des raisons supplémentaires d’espérer, d’autant que je ne sais pas si, tout se déroulant exactement selon mes désirs, je ne serais pas encore plus malheureux que je le suis aujourd’hui ? Est-ce que je suis malheureux ? Tout dépend du point de vue auquel on se place. Je suis heureux et malheureux. Et c’est la vie même, dans sa trivialité, qui donne une telle profondeur à la vérité. Parfois, je suis las avant même que les choses arrivent. Parfois, je me contente de vivre les choses avant de me demander mon Dieu, est-ce donc cela qu’on appelle vivre Et toutes ces parfois (je pourrais en ajouter d’autres à la liste), tous ces parfois sont à la fois aussi désespérantes et aussi fascinantes les unes que les autres. Mais je ne sais plus ce que je voulais dire. Peut-être parce que je ne voulais rien dire, ne savais pas quoi dire. Tout comme ces derniers jours, quand me disposant à écrire ce journal, je me demande s’il faut que j’écrive « Rien. » ou « Absolument rien. » sans autre considération, même si cet « Absolument rien. », c’est déjà beaucoup trop. Et puis, m’étant fait cette demande, j’écris, beaucoup plus que je ne l’avais espéré. Est-ce donc ainsi que les choses doivent se faire ?