8.8.21

Plus il est question de la fortune des stars d’aujourd’hui et plus mon désir de métaphysique grandit. Stars du foot, de la pop, du web, de la tech — on dirait un concours d’onomatopées, à quoi se trouve réduit notre langage, de facto, sans que personne n’ait rien demandé, pas moi en tout cas dont le désir de métaphysique, de jure, croît sans discontinuer. Je n’ai jamais réellement cru à la métaphysique, même si j’ai cru à la possibilité de sa destruction par l’analyse logique du langage, ce qui est à peu près la même chose, in fine, et le fait que j’en aie désormais le désir (depuis ce matin, je pense notamment à ces expressions : métaphysique de l’amour, métaphysique de la mort, manières de mantra, aussi bien que flatus vocis, que mon cerveau se répète pour ne pas ramollir) le désir signifie moins sa résurgence, son retour après un long détour, que l’envie d’autre chose, le besoin toujours plus pressant de changer de sujet, de changer le sujet. Tout est devenu si prosaïque, que l’idée même qu’un autre registre soit possible semble inconcevable à la majorité des esprits (ils ne peuvent même pas former l’idée de cette possibilité) : nous sommes prisonniers de cet univers immédiat, dont l’expression la plus frappante est la fascination ébahie pour l’actualité, le présent, le contemporain. Tout ce qui ne relève pas de la simultanéité, de l’immédiateté est condamné a priori à ne pas exister. D’où l’immense distorsion que subit notre perception de la réalité, accordant de l’importance à des phénomènes mineurs, grossiers, imbéciles. Comme les myopes croient bien voir parce qu’ils ont le nez sur l’objet de leur regard, nous magnifions des événements microscopiques qui prennent l’ampleur de notre horizon. Et pourtant, on n’y voit rien. Tout est faux, je sais, quand, levant les yeux au ciel, je découvre que tout est parfait.