Paix relative. J’essaie d’en jouir. J’ai beau savoir que non loin d’ici, de l’autre côté, pour ainsi dire, des ouvriers s’affairent depuis plusieurs jours déjà au montage des scènes d’un énième festival d’été, hauts décibels et effluves de saucisses grillées, ici tout semble calme. Paix relative, donc, il paraît. Dans la rumeur faible et distante de la rue, lointaine quoique juste en bas, chantent mes animaux lyriques, poètes automatiques, compagnes de la chaleur, muses spontanées. Je me tais. Je les écoute. Sans dire un mot, je les appelle par leur nom, bêtes à musique. Une pie jacasse. La même partout dans l’univers. Par endroits, le bleu du ciel tire sur le gris, tend vers l’oubli. Le soleil fait briller les feuilles de l’olivier. Verte luminosité à l’éclat blanchâtre. Paix pas si relative qu’on la dirait par prudence. Oh, je sais que tout est faux, que tout est mensonge, que chacun ne pense qu’à soi dans le continuel élan d’un orgueil irréfréné, sorte d’ire frénétique, systématique, mais puis-je me reprocher d’y croire quelquefois, de m’abandonner à la passion pour un paysage qui n’existe plus, n’a peut-être jamais existé que dans les rêves que nous faisons, éveillés et debout, songes d’un monde meilleur que le nôtre, plus vrai et plus doux ? Je regarde la lumière qui fait plisser les yeux, dure et belle. Quand je n’aime plus ni la ville ni le monde, je les regarde par ce petit bout-là, lorgnette d’une certaine vérité, ouverture sur l’équilibre entre le désespoir et la lueur. Et ce matin, combien de litres de sueur ?

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.