Mon dernier acte, quel sera-t-il ? Il fait trop gris pour un deux septembre sur les rives de la Méditerranée. Ou alors est-ce le ciel qui tente de déplorer la rentrée ? Parfois, j’ai les idées de mon époque, et cela me désole. Je me dis Mais comment peut-on vivre ainsi ? je me regarde et ajoute Est-ce que j’ai grossi ? Oui, non, ça dépend des jours. Peut-on être plus terre à terre ? Il arrive bien quelquefois qu’on soit plus bas que terre. Oh non, pas de grammaire. J’essaie de voir ce qui se trouve derrière le rideau tiré. De ce côté (que je ne vois pas), l’ancienne, de l’autre là-bas (que je ne vois pas non plus), la nouvelle. Je ne suis jamais content de rien, c’est l’impression que j’ai, et cette impression elle-même ne me convient pas. Qu’est-ce que je vais devenir ? est la question la plus désespérante qui soit : on ne le sait pas. Quand je me la pose, j’ai envie de mourir, ou peut-être de m’éclipser, un instant, une éternité, dans un battement de cils, fossile, s’installer dans la durée, mais par soustraction. Je devrais prendre part à quelque chose et contemple les marques que les élastiques ont laissées sur ma peau en haut de ma cuisse droite. Je devrais prendre part à quelque chose (déconstruire, par exemple), et si je ne le fais, ce n’est paresse, mais snobisme, plutôt. C’est vrai qu’il m’arrive de me plaindre que je suis tout seul, nul n’est à un paradoxe près, alors même que je suis une île. Lisant Tomasi de Lampedusa, in italiano nel testo, pour ainsi dire, je rêve d’antique Sicile, immuable, parce qu’il faut toujours s’imaginer une autre vie, un autre monde, terre brûlée par le soleil, poussière et cigales, c’est un autre temps qui pourrait encore être le nôtre. Si seulement. Si seulement quoi ? — je ne le sais pas. Je note des phrases comme : « Intorno ondeggiava la campagna funerea, gialla di stoppie, nera di restucce bruciate; il lamento delle cicale riempiva il cielo; era come il rantolo della Sicilia arsa che alla fine di agosto aspetta invano la pioggia. » Et dans cette attente de la pluie, j’entends celle des dieux que nous fûmes, que le temps revienne où nous le serons de nouveau. Ce n’est pas la passion qui nous brûle ; — brûler est notre passion.

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