Pas de côté. Quand le calme se fait, quelque chose plus claire prend forme. Impression, casque sur les oreilles, de marcher sur un nuage. Contredite par l’odeur nauséabonde des merdes de chien sur le trottoir. Comme un peuple d’enfants qui prendraient plaisir à jouer avec leurs excréments. Ces gens vivent ici à l’endroit même où leurs victimes domestiques sont conduites pour se soulager. Juste en bas de chez eux. Sinon la certitude de n’être pas chez soi, qu’est-ce qui peut bien justifier ce mépris du lieu ? Mais si tu n’es pas chez toi sur terre, où est-ce chez toi ? Le désert de l’esprit se reflète dans la surpopulation du monde. Vaste non-sens à ciel ouvert. La musique décale le temps et, ainsi, la chaleur me tombe dessus, soudain, comme un bloc compact, dense, humide, qui enveloppe d’un coup, gouttes qui perlent dans le cou, j’avance dans cette touffeur lourde et moite avec légèreté cependant, joie certaine pour qui tout disparaît derrière le mur du son. Réducteur de bruits. Les êtres aussi mais les choses surtout, les choses semblent parées d’un voile de distance, non d’indifférence, mais d’étrangeté, sentiment nimbé d’un outre-langage circonspect. Ma perplexité est immense, mais pas désagréable, au contraire, vision du monde avec un œil neuf, le même qu’hier à ceci près que désaxé, détaché des autres sens avec lesquels il n’est plus synchronisé, enfin rendu à lui-même, donc, à son intégrité. L’œil ne voit pas ce que l’oreille entend et cet écart élargit l’espace, le dilate, le son perce les frontières de la perception, d’où cette sensation de flotter, je crois, de rebondir sur le sol avec lequel je prends des distances sereines. Et nécessaires.

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