17.09.21

The rose fades
and is renewed again
by its seed, naturally
but where

save in a poem
shall it go
to suffer no diminution
of its splendor.

Pour me souhaiter un joyeux anniversaire, Christian m’adresse ce poème de William Carlos Williams avec qui nous partageons la propriété insigne d’être nés un 17 septembre. Je suis un mauvais correspondant, mais je suis touché, parce que je ne suis pas un mauvais ami. Le fait que je n’en aie pas ici ne signifiant pas, en effet, que je le suis. Au contraire, aurais-je envie de dire, ce matin quand, me disposant à aller faire quelques courses pour le petit dîner que j’organise demain en mon honneur, je trouve les Marseillais veules, laids, stupides, incultes et mal fagotés. Or, changeant de sujet et prenant la Gineste en direction de La Bédoule, où j’achèterai une partie du vin que nous boirons demain soir à table, je découvre comme avec des yeux neufs la Méditerranée que j’adule, malgré les défigurations que des promoteurs avides et imbéciles (l’un ne va pas sans l’autre) s’acharnent à lui infliger ; — le bleu si profond du ciel qu’on dirait la mer, le vert vif infini, les parfums à la pureté de garrigue qui embaument l’air, lui confèrent un souffle nouveau, la lumière surtout, enfin adoucie par l’éclat de la saison qui finit, qui ne rend plus aveugle, mais fait voir. Oui, c’est cela — faire voir. Qui peut désirer autre chose ? Sentir et faire sentir. Sur des feuilles volantes, sur des applications connectées, je note des phrases, des remarques où je crois voir se dessiner quelque chose de moins négatif que ces derniers temps. Le laps de temps qui précède mon anniversaire, je le constate depuis des années, est une période où je suis et me sens détestable, je m’en rends compte, au contraire de Daphné, que l’approche du sien surexcite. Est-ce le chemin que nous empruntons tous ? — Ne feins pas l’indifférence, je vois clair dans ton jeu.