C’est un peu comme si hier avait été le jour des performances et qu’aujourd’hui en accusait forcément le coup. De fait, je me sens légèrement vide. Fais des choses futiles. Ne pense à rien. Ou pas grand-chose. Ah oui, je lis des poèmes de Baudelaire à haute voix, qui disent : « Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) » Roule puis marche dans les rues crasses de Marseille : conteneurs à poubelles qui vomissent ce dont on les a gavés, sacs qui craquent et se déversent sur la chaussée, puanteur qui envahit l’atmosphère malgré le vent, même la mer semble recracher la saleté qu’on y a déversé, sur le rivage multitude de déchets, qui rendent inane toute opération consistant à enfiler des gants pour ramasser, une fois l’an, ce qui traîne par terre, oh ! les gens se font du bien, je n’en doute pas, mais ils ne font rien, par terre, bouteilles de bières éclatées, couteaux verts qui craquent sous les pieds, image du quart monde sans le charme de l’ailleurs. C’est ici ma demeure. D’un geste vif et sans remord, je m’occupe d’anéantir un moustique quand, soudain, le bruit du camion de ramassage des ordures me tire de ma rêverie mélancolique. Comme la pluie après la canicule, une gifle après le ridicule, la pilule du lendemain, tout finit par rentrer dans l’ordre aberrant de ce qui précédait.

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