2.12.21

Cette nuit, j’ai rêvé que je m’entretenais avec Kad Merad (que je m’évertuais à appeler Gad Elmaleh) au sujet d’une adaptation cinématographique du Zarathoustra de Nietzsche. Il y avait une troisième personne dans la pièce, mais je ne sais pas de qui il s’agissait (peut-être Gad Elmaleh ?). À un moment de mon rêve, je perdis mon sang-froid et me mis en colère, ce que me reprocha tout de suite Kad Merad, qui me fit remarquer que je m’étais déjà mis en colère, un peu auparavant, dehors sur la pelouse, et je revoyais en effet la scène où des gens étaient assis dans l’herbe (étaient-ils autour de moi ? étais-je parmi eux ? je ne le sais pas) et où je me mettais en colère sans que je sache pour quelle raison, ni auparavant ni au présent dans le rêve. La consommation de thym en infusion avant de me coucher a-t-elle une influence sur mon activité onirique nocturne ? Contre notre meilleur jugement, Nelly et moi avons acheté sur le site de l’homme le plus riche du monde un bonnet de Père Noël pour Daphné, qui n’a jamais cru au Père Noël. Made in China. 100% polyester. Un désastre, quoi. Oui, mais — c’est ce que je me dis et dis à Nelly — pourquoi, au prétexte qu’elle est intelligente, ne pourrait-elle pas vouloir faire comme tout le monde, comme les autres élèves de sa classe, pourquoi ne pourrait-elle pas être et vouloir être normale ? Quelque part non loin de là, mon antimoi normal poursuit sa tournée triomphale ; toujours plus talentueux, toujours plus sincère, toujours plus altruiste, toujours plus vrai. Toujours plus humain. J’envisage de créer un site parodique du genre adopteunsyrien.com, mais je me dis que ce n’est pas de leur faute, après tout, aux Syriens, si l’Occident décolonial continue à gagner de l’argent sur le dos de leurs malheurs. Et puis, ce ne sont pas mes sarcasmes de plus ou moins bon goût qui changeront le monde. Alors, qu’est-ce qui changera le monde ? Rien. La vérité est posthume. J’écris une phrase de ce genre dans le fichier ouvert récemment. J’ai l’impression que je ne puis rien faire, sinon prendre mon mal en patience et ma tête entre mes mains. Aveu d’impuissance. Ne faut-il pas commencer par là ? Cartographier avec la plus grande des précisions les territoires et, avec le même soin quasi maniaque, tracer la frontière entre le fantasme et le réel.