4.12.21

Qui n’attend quelque chose qui tarde à venir ne peut espérer comprendre le sens de l’existence. Dehors, une sorte de tempête s’étant levée, la pluie vient fouetter les vitres avec violence, des crêtes blanches émergent de la mer, le vent couche les branches, le ciel devient gris humide. Depuis une heure ou deux, il fait sombre, de plus en plus sombre. Est-ce pour cette raison — parce que le sens de l’existence peut seulement devenir compréhensible à qui attend quelque chose qui tarde à venir — est-ce pour cette raison que la société cherche à combler le moindre de nos désirs, à nous faire jouir sans délai, ni entrave, ni distance ? Je voudrais dire : non pour nous rendre service, mais en forme d’énièmes sévices ? Hypothèse paranoïaque, mais qui serait assez fol pour l’exclure a priori ? J’entends le vent qui souffle, s’engouffre par tous les interstices qui s’offrent à lui. Je m’approche du chauffage. Est-ce que cette source me rassure ? Pourquoi aurais-je besoin d’être rassuré ? Le calme s’est fait d’un coup. Le silence a pénétré par ce retrait soudain. J’allume la petite enceinte. Wie weiß, wie nahe wird meine Ende ?