19.12.21

Effets secondaires. Impression qu’on s’est amusé à me rouer de coups toute la nuit durant. J’envisage d’écrire quelque chose au sujet de la cause de cette sensation, de la cause de la fièvre et de la fatigue de la veille, mais non. J’ai cru en voir la pertinence au réveil, mais cette vision est désormais aveugle. Les phrases que je commence à rédiger me semblent des coquilles vides. J’essaie de renouer un fil qui est rompu. Et doit le rester. Aussi n’ai-je rien d’intéressant à dire, ni en ce que je dis ni en ce que je ne dis pas. Aussi pourrais-je me demander pourquoi écrire tous les jours ces pages, et s’il n’y a pas dans cette pratique quelque chose de forcé. Mais je ne le fais pas, c’est-à-dire : je ne doute pas de la nécessité d’écrire tous les jours ces pages. Hier, par exemple, c’était difficile d’écrire. J’en avais à peine la force. Les doigts sans force. La pensée aussi. Et il m’a fallu m’y reprendre à plusieurs fois pour écrire six mots. Ces six mots ont-ils une quelconque nécessité ? Je pourrais dire qu’ils en acquièrent par le fait d’être écrits, mais ce n’est pas cela, non. Ce qui est nécessaire, c’est la pratique, la discipline, la rigueur, et tout ce qu’elles révèlent de la passion, de la détermination qui nous animent quand même, au regard des valeurs de notre époque, elles pourraient paraître dérisoires. Que pèsent ces six mots face aux valeurs de mon époque ? Rien. Et n’en sont-ils pas rendus par là-même encore plus beaux ?