Si tu peux t’interroger sur le sens de l’existence devant le concert du nouvel an, tout n’est peut-être pas perdu. Mais ne cherche pas de certitudes. Aujourd’hui, elles sont toutes fausses. « L’espace d’un instant, les geste barrières sont oubliés. » Derrière les grosses fesses de Stéphane Bern, la voix sociale trace le portrait d’une humanité apeurée, qui fantasme maladroite un monde idéal, — idéal car inane. Ultime transgression : un homme et une femme s’embrassent devant la caméra. Coiffés de chapeaux ridicules, ils réalisent le scénario érotique qui échauffe les esprits en temps de pandémie. On pourrait rêver, imaginer pas un monde meilleur, imaginer le monde meilleur, mais non : nos utopies sont projetées là sur les écrans plats de l’avenir. On aurait tort de s’étonner que rien ne se passe. Tout se passe, tout le temps, simplement, ce n’est pas intéressant. Nos héros, nos ennemis, nos maîtres à penser, nos visionnaires, nos poètes sont à notre hauteur, à notre dimension, ils nous paraissent des géants parce que nous sommes minuscules. Tout n’est pas dérisoire, ce n’est pas vrai, mais on pense à autre chose. Se figurant d’illusoires solutions de continuité entre l’esthétique et la politique, moi et mon corps, l’ego et l’univers, le microcosme et le macrocosme. Dehors, toujours la brume. Rien n’a commencé. Ce n’est pas vrai.

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