20.1.22

J’ai écrit un conte ce matin. Pas un récit comme celui manuscrit que je n’ai pas relu dans mon cahier au bison rouge. Non un conte, un vrai, ai-je envie dire, comme il y avait si longtemps que je n’en avais pas écrit. Qu’il soit original ou pas, je n’en sais rien, cela ne m’intéresse pas. L’idée m’en est venue au réveil et, dès que j’ai été seul dans l’appartement, je l’ai écrit, d’une traite. Tout était là, clair, et ce qui ne l’était pas est venu en écrivant, tout aussi clairement. Ensuite, comme c’est tout ce que j’ai à faire en ce moment, je suis allé courir, et, ensuite, je suis allé acheter du pain et un goûter pour Daphné, et, quand je suis revenu à l’appartement, j’ai relu le conte, que j’ai trouvé bon, à quelques maladresses près que j’ai corrigées, du moins conforme à ce que j’avais eu l’idée d’écrire, à ce que j’avais envie d’écrire, un conte comme je n’en avais pas écrit depuis si longtemps, donc. Toutefois, en lisant ce conte, je me suis aperçu qu’il s’ouvrait sur quelque chose d’autre que lui-même, qu’il n’était pas clos sur lui-même, ce que je n’avais pas prévu, mais cela ne m’a pas dérangé, au contraire. J’ai d’abord cherché comment boucher cette ouverture : on voit un trou de souris et l’on se dit vite il faut le boucher sinon les souris vont passer par là. Mais je me suis dit que non, qu’il ne fallait pas le boucher, qu’il serait intéressant de passer par le trou de souris. Oui, mais comment ? Je suis trop gros pour passer par les trous de souris. D’abord, c’était une métaphore, ce n’est pas un trou de souris, c’est une ouverture, toutes les ouvertures ne sont pas des trous de souris même si tous les trous de souris sont des ouvertures. Ensuite, je me suis dit qu’il fallait faire confiance au conte, moins à l’idée que j’avais eue qu’aux mots que j’avais choisis pour faire les phrases pour raconter l’histoire. Il y avait un mot notamment, qui m’était venu spontanément, sans que je le mette là consciemment, délibérément, qui est venu de lui-même, qui ouvrait sur autre chose que lui-même. Alors j’ai pensé à ce mot et je me suis dit qu’il serait le point de départ pour d’autres histoires, qui ne seraient pas toutes directement liées à ce que le conte laisse en suspens — peut-être que ce que le conte laisse en suspens doit rester en suspens —, mais approfondirait ce que le conte avait esquissé. Même si la métaphore n’est pas très heureuse, je trouve, c’est ça, je crois, passer par le trou.