Les choses : ne devraient-elles pas être sans pourquoi, sans fin, du moins sans intention au-delà, dans le flux continu, l’écoulement, sans nulle distance ? Pourtant, il faut faire un pas de côté, de danse, clinamen, qu’on soit lucrétien ou qu’on ne le soit pas, geste qui tend à l’insignifiant. Mais ne le cherche pas pour soi, rien n’est gratuit, tout est gratuit, cela ne fait pas de différences, ce n’est pas une question de prix, de justesse, mieux, de justice. Il y a trop de vérités, tant que nul ne sait plus qu’en faire, qu’en dire, elles tombent, comme autant de lettres mortes, et bientôt personne ne prend même plus la peine de les ramasser. Et pourtant, tout le monde cherche la vérité comme s’il n’y en avait qu’une. Ai-je cru à la vérité ? Qui non ? Même Pilate, de pierre, adressant à Jésus une question qui n’appelait pas de réponse, semblait las, comme qui est revenu de tout, ne doutant de rien, n’ayant plus rien en quoi croire. Qu’est-ce que la vérité ? — ce n’est même pas une question, à la vérité, c’est un haussement d’épaules. Dialogue de sourds. Y en aura-t-il jamais d’autres ? Au moins faut-il essayer de sortir de l’enferment où la surdité volontaire nous confine, sortir de notre cage, sortir de notre tête. Entendre le monde avec ses oreilles à lui, et puis celle des autres, se faire des oreilles neuves, des oreilles de tout le monde, les tendre, les rendre. Quelque chose commençait et Ponce était déjà fini. Quelque chose croît tandis qu’autre s’effondre. Théorie des courbes. Cycles qui décrivent des arcs, des involutions plutôt dirais-je que des révolutions. Quelque chose ploie tandis qu’autre jaillit. Est-ce que le pouvoir ne finit pas par perdre, — toujours ? Utopie des devins. Qu’adviendra-t-il de nous ? Quelle sera notre postérité, nous qui venons trop tard et trop tôt dans le même temps ? Moi, et tous les autres, que je ne connais pas, savants sans science, que feront-ils de notre objectivité pure et parfaite de quoi n’a pas d’objet. Nul autre que la vie acculée au néant, toujours plus ténue, tendue, infime et pauvre. Je parle d’une autre voix, appelle une autre vie
et cependant que
la température monte
je contemple le ciel bleu
doux comme la lumière
que je ne vois pas.

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