21.2.22

Rien que l’effort à faire pour garder les yeux ouverts ou éplucher des pois chiches entre le pouce et l’index. J’entends vivre les jours qui viennent comme une sorte de moine, à l’intérieur du cercle de mon existence, tracé autour d’un centre dont le diamètre prolonge des tensions et des prétentions minimales. Non que je n’en puisse plus ou que je ne puisse plus, mais je veux trouver le juste-assez, m’installer au cœur d’une vie que je ne maîtrise pas forcément mais qui parasite le moins possible et soit parasitée le moins possible. Malgré la copie laborieuse de quelques milliers de signes des éclaircies, je ne me parasite pas moi-même : certaines idées brillent d’un feu pâle mais suffisant pour que je le voie. S’il ne me semblait ouvrir seulement des livres pour ne les pas lire jusqu’au bout, je projetterais volontiers quelque plan dans l’espace des possibles dont nous tient lieu le langage, mais je n’ose pas. J’essaie de garder le silence à ce sujet, n’essayant pas de souffler sur la petite flamme pour qu’elle prenne de peur de l’éteindre définitivement ce faisant. Dois-je me satisfaire de la compagnie de vent qui souffle ? J’entends ses sifflements dans les interstices entre les vitres, je l’entends qui agite je ne sais quoi de métallique, des nuages passent qui obscurcissent l’espace à la vitesse du vent. Je me tiens avec ma tête sur ma chaise vide. Peut-être est-ce une journée pour ne pas faire semblant. Mais si je voulais me contenter d’exister, pourquoi serais-je en train d’écrire ? C’est ma façon d’être tout simplement. Depuis que je me souviens avoir désiré quelque chose pour ma vie, je me souviens que c’était écrire. Alors, c’est que la vie est parfaite, — est-ce bien ce que tu veux dire ? Oui, c’est bien ce que je veux dire : la vie est parfaite.