17.4.22

Je fais un effort pour me sortir de ma léthargie, mais je n’en ai pas envie. En quoi serait-il indigne d’être semblable à la pierre ? Ne devrions-nous pas être pierres ? Je ne crois pas aux fondations, je crois aux choses qui flottent (ponce), aux choses qui volent (pavé), aux choses qui coulent (pic). Je crois aux pierres donc, avec lesquelles on ne bâtit rien. Surtout ne rien bâtir. Manière de devise. Je ne regrette pas d’écrire, non, jamais, quand même parfois je me dis, tu aurais mieux fait de te taire, mais n’est-ce pas un luxe de se le dire ? sinon, en fait, tout le monde parle à tort et à travers, mais ce n’est pas ce que j’ai envie de dire, qu’est-ce que j’ai envie de dire ? rien, je crois qu’il y a une écriture plus profonde que l’écriture, comme la pierre qui a coulé, et entraîné le cadavre avec elle, vers le fond, tout au fond, on ne le retrouvera jamais. En chemin pour aller chercher mon père, embouteillages, et je me dis : pourquoi les gens se retrouvent-ils toujours au même endroit au même moment ? À part lui (mon père), personne : les autres, je ne les ai pas invités ou alors ils n’ont pas voulu venir. Dans un cas comme dans l’autre, c’est tant mieux, je n’avais pas envie de les voir. Pourquoi me forcerais-je ? Au nom de quel principe, de quelle vérité supérieure ? Ça n’existe pas, il n’y a que le dressage dont tu as fait l’objet. C’est lui, qui s’exprime dans cette voix que tu entends parler, c’est elle, ta conscience, avec toutes ses insanités imbéciles, ce n’est pas toi qui parles, c’est elle, or moi, n’étant ni chrétien ni rien, ou par hasard, par hasard seulement, pourquoi devrais-je m’en soucier ? Christ est ressuscité et moi, merci, ça peut aller.