Que faire avec un cœur qui bat en attendant qu’il ne batte plus ? Des idées d’aujourd’hui, certaines semblent plus claires que d’autres, sans doute parce qu’elles m’en rappellent d’autres que j’ai déjà eues dans ma vie. Ce ne sont pas exactement les mêmes, mais elles se ressemblent suffisamment pour s’évoquer l’une l’autre. Laissant mes idées se succéder ainsi sans ordre ni contrôle de ma part, je me suis souvenu de JC qui m’avait reproché la police de caractères dans laquelle j’avais imprimé les projets que je lui soumettais, et qu’elle trouvait illisible. Helvetica Neue ultrafin, si je m’en souviens bien. Elle avait sans doute raison, mais il me semblait alors que la forme de ces lettres épousait à la perfection le fond de ma pensée. Drôle d’adéquation. Un autre jour, je m’en souviens à présent que j’écris, face à un texte que je lui proposais de publier, elle avait conclu son refus, et ses incitations à faire autre chose, par des « Je sais que j’ai raison » trois fois répétés et accompagnés de petits coups portés à son bureau du plat de la main droite. Parfois, il m’arrive de l’imiter quand je veux asséner quelque vérité qui me semble importante sans me départir cependant d’une certaine distance ironique, et de préciser : « Comme dit JC… » Même si elle avait refusé ce texte, que j’ai publié ensuite ailleurs, c’est un bon souvenir, et je pense à sa façon insistante de marquer son refus avec une certaine nostalgie, sans antiphrase aucune. Je ne sais absolument pas pourquoi je raconte cela, d’autant que ces souvenirs n’ont rien à voir avec l’étrange question posée en commençant. Est-ce que je n’ai rien à dire ? Peut-être. Tard dans la matinée, encore au lit avec Nelly, je lui ai dit que j’avais hâte de retourner à Paris (ce ne sont peut-être pas les mots exacts que j’ai employés, mais l’idée est la même). Et, de fait, j’attends quelque chose de ce départ, quelque chose comme un nouveau départ. Mais n’était-ce pas déjà le cas dans le sens inverse ? C’est possible (je crois que j’ai déjà noté ces questions ici), mais c’est aussi différent, je crois. En quoi ? Je ne saurais le dire exactement : c’est de l’ordre du sentiment, si j’osais employer ce mot dans un sens non-kantien, je dirais : c’est de l’ordre de l’intuition. D’accord, mais qu’est-ce qui te dit que tu ne te trompes pas une nouvelle fois ? Rien. Je me souviens que j’ai été frappé par quelque chose l’été passé en me sentant en présence de Paris, quelque chose qu’il m’a semblé que je devais retrouver, ou plus exactement : que je devais découvrir parce que cela n’existait pas, et que je devais l’inventer. Quelque chose de neuf, à nouveau. Toujours tout recommencer : ce pourrait être le titre de ce faux journal.

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