Illumination, en l’espèce d’un mysticisme plat, sans profondeur ni totalité. D’où me vient cette expression, « mysticisme plat » ? Je n’en ai aucune idée. Une éclaircie dans le brouillard. Je rêve d’une douceur sans mollesse, mais comment faire ? Y a-t-il un juste milieu entre l’exposition et la disparition ? Tout semble en trop, et j’entends : excessif, mais peut-être que le monde tourne rond et que moi, à l’envers, qui sait ? Je tourne la tête vers la gauche d’où vient la lumière du dehors qui pénètre par la fenêtre : les livres que Nelly a empilés sur le bureau de notre chambre à coucher (j’écris sur le lit dans une position mi-assise mi-allongée, mon ordinateur posé en équilibre sur mon ventre et le haut de mes cuisses) forment des sortes de sculptures spontanées, relativement froides. Parfois, c’est ce que je me dis quand il m’arrive de les relire, les phrases que j’ai écrites il y a longtemps me semblent le fruit du travail d’un écrivain étranger, parfois, au contraire, je m’y reconnais, ce qui veut dire à peu près : je suis toujours en accord avec elles. Lesquelles est-ce que je préfère ? Je me le demande. Et ne sais que dire sinon que ce sont les phrases de cet écrivain inconnu que je vais devenir, cet écrivain inconnu de moi, ces sont ses phrases à lui que je préfère, même si je les ignore. Ce n’est pas l’ignorance que j’aime, mais ce qui n’est pas encore connu, le hasard de ce qui est à venir, l’indétermination du destin. Demain. Pas de place pour la nostalgie dans mon mysticisme plat. Qui la folle vacuité de l’existence n’effleure jamais ne peut comprendre la vie. Croit agir, mais s’en trouve exclu par la force des choses. Quiconque s’imagine maîtriser les choses est victime de leur force, esclave d’elles : y renoncer, c’est se donner la chance de les accueillir. Tout n’est pas miraculeux, non, il n’y a pas de miracle, et pourtant, je ne cesse de m’étonner. Alors la pluie tombe. Pourquoi pas ?

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