Symboles absurdes de vérités simplistes. Qui ne me causent même pas assez d’excitation pour la colère, rien qu’un peu plus d’ennui, toujours plus d’ennui. Mais qui croit ces histoires ? Le monde entier, qui se satisfait de croire, justement, ou de ne rien penser du tout. N’est-ce pas la même chose ? Les vérités ne sont pas cachées, elles sont là (« credo quia absurdum »), il n’y a qu’à les cueillir, mais qui cela intéresse-t-il ? Ce qui n’est pas une question rhétorique, mais si évidente que soit la réponse, il faut paradoxalement une énergie que je n’ai pas envie d’aller chercher et de déployer pour y répondre. Alors, question et réponse, je les laisse là, flotter dans le néant. Marcher dans les rues de la ville ce matin. Tôt déjà, la chaleur est étouffante. Soleil dur. Pas le charme doux d’un printemps, mais sensation d’innombrables pierres surchauffées au milieu desquelles je serais condamné à me promener, prisonnier. Quant à la ville proprement dite, elle ne m’évoque rien, aucun sentiment. Les ruelles coincées entre des axes de circulation saturés n’ont peut-être pas perdu tout à fait leur charme désuet et pittoresque, pourvu qu’on ne voie les plaques de béton entre lesquelles elles sont enclavées, mais elles me semblent révéler l’étroitesse d’esprit de ces gens qui ont payé des fortunes pour y vivre, entassés à l’horizontale plutôt qu’à la verticale. Densité des zones résidentielles. Pourquoi est-ce que je passe mon temps à critiquer, à dire du mal ? Est-ce bien ce que je fais ? Comme si le mal et la vérité n’étaient pas intimement liés (relire Musil). Est-ce à dire que le bien et le faux parlent d’une même voix ? La vérité ne craint pas la cruauté tandis que le bien — et son odieuse version post-moderne, la bienveillance —, le bien s’enlise dans la graisse de la complaisance. Pauvres petites bêtes blessées. Tristes petites choses fragiles. Mais tout ceci, est-ce bien intéressant ? Ô mon moi, si étrange que ce soit, je te permets d’en douter.

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