Faut-il vraiment que tu te donnes tout ce mal ? Crois-tu seulement que les efforts soient récompensés ? Mais sinon, quoi : rien, vivoter, se laisser être ? Ne trouves-tu pas que tu te laisses beaucoup être, déjà ? Mais qui a dit qu’il fallait faire quelque chose ? Est-ce là notre seule façon de survivre au monde ? S’efforcer ou mourir ? Possible. Dehors, le vent souffle, si fort que les murs semblent trembler, que les portes closes claquent sur elles-mêmes en de micro-apparitions spectrales qui n’ont pas grand-chose d’effrayant mais tout d’agaçant. Cela — et je fais en esprit un geste ample de la main pour indiquer le vaste territoire qui m’entoure —, cela, je le laisserai bientôt derrière moi. Sans regrets, à quelques exceptions près. Cela — même geste —, a-t-il le goût de l’échec ou de la nouveauté ? )Paradoxe : revenir pour avancer.) Je ne sais pas. Moins je sais de choses et plus je me pose de questions. Mais où sont les réponses ? J’ai tellement l’habitude de parler dans le vide que si, soudain, on m’écoutait, je ne comprendrais pas pourquoi. À la différence de la fois précédente (signe que je ne recule pas, mais que j’avance), j’ai décidé d’embrasser ma nouvelle vie, de l’épouser sans arrière-pensées, sans doute aucun, sans nulle distance (= 0). L’adresse sera la même qu’en partant, ce qui devrait faciliter les choses. Fouillant dans un tiroir, je retrouve de vieilles cartes que j’avais données à Daphné pour qu’elle y dessine. Des vieilles cartes qui ne le sont plus désormais, comme si le temps ne vieillissait pas toujours. Sentiments difficiles à cerner, non qu’ils touchent à l’indicible, mais se ramifient, s’orientent dans plusieurs directions et, les voudrait-on réduire à une, ce que je ne souhaite pas, qu’ils trouveraient, malgré cette arbitraire contrainte, le moyen de s’échapper.

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