13.6.22

Réveil à 5h du matin, et forcément tout est plus lent. D’autant que je me souviens avoir été réveillé une première fois dans la nuit par les coups de grosse caisse électronique du festival qui se tenait dans le parc ces derniers jours. À un kilomètre de moi, un enchaînement répété, cyclique, pourrait-on dire, de croches, double-croches, triple-croches, manière d’ascension vers un climax censé rendre fou le public mais qui, entendue de loin, s’avère particulièrement risible. Remède = 1 bouchon d’oreille dans chaque oreille. Me documentant pour écrire ce journal, je consulte a posteriori la programmation et en déduis qu’il devait s’agir de Moderat, qui m’avait habitué à mieux, mais c’était il y a longtemps, c’est vrai, eux aussi, ils sont devenus vieux. Sic transit gloria electronicae. Trop fatigué pour avoir des idées. Je voudrais dormir. Mais, quand je ferme les yeux, je ne puis m’empêcher de penser qu’il faut que j’écrive mon journal et ne parviens donc pas à m’endormir. Finalement, je crois que je trouve le sommeil. Il fait chaud. De plus en plus chaud. On voudrait croire en quelque chose, mais en quoi ? Hier, c’est vrai, je suis allé me promener au lieu d’aller voter et puis, durant l’après-midi, au lieu d’aller voter, j’ai recommencé ce livre qui m’avait agacé quand je vivais à Paris, Paris ne s’arrête jamais d’Enrique Vila-Matas, et qui, à présent, ne me fait plus du tout la même impression. Question de géographie, sans doute, plus que de littérature (j’entends : le livre n’y est pour moi, c’est ma disposition d’esprit ma disposition dans l’espace qui fait la différence). R., qui m’écrit aussi à propos d’autre chose, me parle du vide monument de la Révolution chez Michelet, celui-là même dont je ne lui avais pas parlé tout en lui parlant quand même, ce qui me rappelle une idée qui me trotte dans la tête depuis quelque temps, une idée peut-être fausse, mais elle me trotte quand même dans la tête : que la Révolution ne fut pas à proprement parler française, non, mais parisienne. Trop lent. Tête lourde. Assez pour aujourd’hui.