14.6.22

Réveil à 6h du matin, moment de calme entre le jour et la nuit que je gâche en consultant le site du Monde où est relayée la sinistre geste de certains des imbéciles de la création prêts à tout pour remporter la prochaine élection. Puisqu’on ne peut pas démasquer leur ridicule, je me contente de ne pas voter, ce qui, les observant, les rend plus ridicules encore, comme s’ils jouaient sans s’en rendre compte à un jeu aux règles insensées. Un peu plus tard dans la matinée, je constaterai que cette technique qui consiste à raconter n’importe quoi au nom de la cause qu’on défend est largement répandue dans la société quand, écoutant la radio dans la voiture au volant de laquelle je conduis Daphné à son stage de voile, j’entendrai la chroniqueuse féministe inférer d’une succession temporelle un enchaînement causal. On ne cherche pas la vérité, on cherche à avoir raison. Moi, me dirai-je encore un peu plus tard après être allé courir dans cette matinée de début de canicule, moi, il me semble que c’est le sens qui doit primer sur la cause parce qu’il est ce qui nous importe le plus, ce qui nous permet de nous orienter dans le monde et dans le journal, mais ne suis-je pas bien seul ? Possible. Qu’est-ce que ça peut bien faire ? Tout est foutu, non ? Comme la nuit précédente, je suis réveillé par un bruit nocturne, pas le kick infrabasse d’une boîte à rythmes, cette fois, mais le vrombissement assourdissant d’un moteur à explosion coincé entre deux roues. J’ai beau ne pas comprendre le mode de vie de qui s’adonne à ce genre de pratiques (j’entends par là : je ne comprends pas qu’on puisse s’adonner à ce genre de pratiques), dans mon sommeil dérangé, mon éveil à moitié, à l’oreille, je suis le bruit que fait l’engin pendant quelques instants : il me semble qu’il s’éloigne et puis disparaît, mais peut-être est-ce moi qui me rendors, je ne sais pas, je ne dors plus.