Tellement de positions à prendre qu’il faudrait être contorsionniste pour croire en quelque chose. Il n’y a pas que la forme de la ville, c’est le monde entier qui change trop vite pour nos cœurs mortels. Sur le parking payant, le mec dans sa grosse voiture n’a aucun scrupule à défoncer la petite qui l’empêche de se garer comme il l’entend (i.e. n’importe comment), et c’est sa femme qui lui crie : « Arrête ! Mais arrête ! » C’est l’histoire de leur vie. À quels cris le mâle, jette un coup d’œil suffisant, répond : « C’est bon, elle a rien. » Et la femelle de remuer le couteau dans la plaie du mâle indolore : « Pourquoi faut-il toujours que tu forces le passage ? ». Phrase à ne pas dire devant son analyste. Et si l’on n’en a pas, en trouver un de toute urgence. Je lui répondrais volontiers, moi, à la femelle qu’il n’y a qu’à regarder le mâle de la tête au pied pour deviner que c’est sa nature même de « forcer le passage », mais rien de tout cela ne me concerne. Je me contente de murmurer : « Quel crétin ». Faut-il donc que l’humanité traîne son saccage jusqu’à la pointe du Raz ? L’aménagement du territoire porte à croire que oui. Mais comment vivre comme ça ? Je veux dire : entouré de ces gens-là ? Ce ne sont pas mes semblables. Et, s’ils me ressemblent, c’est par hasard, pas par nature, par communauté. Notre appartenance à la même espèce n’est que contingence. En les regardant, les humains, on comprend toutes les directrices de conscience qui veulent les priver de liberté. Et pourtant, la liberté, c’est ce que nous avons de plus précieux. Comment nous y prenons-nous pour en faire quelque chose de si sale ? Alors la pluie tombe pour de bon, on dirait des milliers de petites billes de verre dont le ciel nous bombarderait. Grand vent. L’averse totale dure quelques minutes à peine. Et ensuite, le ciel semble plus beau encore. Comment se fait-il que le temps semble toujours plus beau après la pluie ? Comme un monde lavé. Mais ce n’est pas vrai. Rien ne purifie. Il n’y a rien à purifier. Tout est là, sans morale ni anti-nature. Tout existe. La liberté est précieuse, mais sans éducation stricte, quasi réactionnaire, elle ne donne rien, que la débauche médiocre qu’on constate en regardant partout autour de soi. Elle n’est pas le fruit du hasard, mais le produit d’une stratégie politique claire (OCM). Je me répète, mais c’est pour te faire entendre le vrai. Partout, c’est la même fonctionnement, la même organisation, le même dessein pas saint. Pas très sain pour une Toussaint.