4.6.18

On accorde trop de place dans la vie à ce qui ne devrait même pas en faire partie.

Remarque, par exemple, le nombre de ceux qui, de moins en moins nombreux, fort heureusement, sont obsédés par la politique. Chez les intellectuels, c’est frappant. Tous ces excités qui commentent quotidiennement les faits et gestes d’une poignée de puissants. Poignée de puissants qui ne sont, or, puissants que parce que les gens se laissent obsédés par eux. Alors même qu’en fait de puissants, il ne devrait jamais s’agir que d’un petit groupe d’exécutants qui trouvent des solutions pratiques pour appliquer les décisions que les gens ont prises lors de réunions auxquelles ils consacrent une ou deux heures par semaine — pas plus ! — pour décider s’il vaut mieux être de droite ou de gauche, socialiste ou libéral, etc. Le reste du temps, il y a quand même mieux à faire : être un artiste, s’occuper des gens qu’on aime, faire des enfants, lire des livres, écouter de la musique, aller à la plage, faire de la poterie, du design d’intérieur, cultiver son jardin, que sais-je encore ?

Pas vraiment de soleil. C’est comme si les saisons ne voulaient pas changer, qu’on se maintenait dans un début de printemps interminable. Pas une fin d’hiver, mais un entredeux qui s’étire hélas inlassablement. Bientôt, il va faire chaud — d’un coup. Alors que le printemps sur cette rive-ci de la Méditerranée fait partie de ces atmosphères que j’aime le plus, les soirées encore douces avant la chaleur, les odeurs en suspension avant le grand incendie de l’été.

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