Le temps qu’il fait est plus qu’une question météorologique. La lumière, notamment, qui déchire les zones d’ombre. Est-il étonnant que la théorie de la vérité comme dévoilement ait été inventée en Grèce ? Le voile déchiré, c’est une question d’atmosphère. Le déchirement du voile qui forme une pellicule entre le philosophe et le ciel au-dessus de lui. Ce n’est pas ce que je me suis dit après être allé courir ce matin. Mais c’en est une conséquence. Regarder le ciel bleu au-dessus de ta tête, quand même tu n’aurais pas besoin de le voir, parce que tu le sais, parce que tu le sens, c’est dans l’air que tu respires. Le ciel bleu, l’hiver, surtout (Est-ce parce que nous sommes en hiver que je dis cela ? Sûrement.), qui est d’une nuance extrêmement précise, à certains moments de la journée, quand rien ne le trouble. Sauf que tu ne peux pas t’empêcher de lever les yeux au ciel, non pour t’indigner, pour admirer une étendue si sublime qu’il paraît douteux de vouloir aller vivre ailleurs. Est-il étonnant, qui plus est, que l’idée même de vérité ait été inventée sur les rivages de la Méditerranée ? Ce n’est pas une pensée pour les atmosphères pesantes, chargées, mais une pensée qui vient à celui qui respire l’air bleu pur — léger — dans lequel il flotte. C’est une idée qui vient à l’air libre. Ce n’est pas une pensée d’espace clos, à l’atmosphère confinée. Pas une pensée de cour, dirais-je par exemple parce que je suis en train de lire Saint-Simon.
Saint-Simon et Wittgenstein, a-t-on idée d’un attelage si bigarré ? C’est pourtant celui que j’aime, celui qui me convient en ce moment, celui via lequel je suis heureux, les mémoires, les aphorismes, les cabanes, les palais. Je n’aime que les maniaques, il faut le croire, moi qui le suis aussi. Maniaques du détail, de la précision, maniaques du récit, de la mémoire. Et moi, je suis maniaque de quoi ?
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