Qu’est-ce qui souffle dans le vent ? Qu’est-ce que tu entends ? Pense à faire ton entraînement, apprends à écouter entre les infrabasses de la bêtise, pratique tes exercices d’évitement spirituels, exercices d’invention physiques. Qu’est-ce que tu entends de ce qui souffle dans le vent ? Ne songe pas à échapper à l’air du temps, ce qui souffle dans le vent. Ceci est ton monde, il n’y en a pas d’autres. Oh, bien sûr, il y a le possible, que j’aime le possible, mais n’est-ce pas une affaire privée, lettres mortes parmi l’infinie quantité d’informations dont tu es criblé, bombardement de photons ? Qu’une phrase peut coûter, qu’elle est lente à venir, qu’il faut d’oubli du monde pour qu’elle vienne, dans l’espoir que, peut-être, elle veuille dire quelque chose. Mais qui l’entend ? Est-ce la bonne question, à présent, que celle-ci ? Le paradoxe est peut-être ici : tu es de ton temps, mais si tu écris pour ton temps, tu es mort-né. La posthumité n’est donc pas une posture, mais une condition de possibilité. Il faut parler à une oreille qui n’existe pas encore dans le brouhaha incessant de ton moment. Encore faut-il, c’est-à-dire, que tu parviennes à entendre ta propre voix, qu’elle te soit audible ; comment la faire porter autrement ? Qui sont les non-êtres à qui je parle ? Ne cherche pas à répondre à la question. Ne te la pose même pas. S’ils t’entendent un jour, ils te travestiront, et alors, peut-être, alors tu seras vraiment toi-même. Mais comment savoir ? Justement, on ne le peut pas. Toute écriture est là.
Si un extraterrestre visitait l’une de nos librairies aujourd’hui, me suis-je imaginé cet après-midi, il penserait que Michel Onfray est un philosophe plus important que Platon et Jean d’Ormesson, un plus grand écrivain que Rabelais.
C’est ce monde qu’il te faut embrasser, et aimer.
Aimer.