5.9.20

Quand la moyenne se hisse au rang d’esprit universel, qu’espérer sinon l’éclipse ? Moins de lumières, plus d’espoir. Quand l’intelligence ressemble à ce point à sa négation, que faire, sinon silence ? Moins d’idées, plus de vie. Dans le ciel, au-dessus de la crête que sillonnent des arbres (il me semble que je puis les compter), j’essaie de fixer un point vacant dans le ciel bleu. Je ne sais pas à quoi je dois ma fascination pour cette couleur : au fait qu’elle non plus, elle n’existe pas ? Ce ne sont que nuances, variations sans terminaison, gradations jusqu’à l’insolence d’un non-être qui ne nous regarde pas. Le ciel n’existe pas, a asséné un jour le scientifique au poète. Et l’erreur de ce dernier fut de lui répliquer : Vous ne savez pas ce que c’est, la poésie. Bien sûr que le ciel n’existe pas. Pas plus que la science, ou tous les noms dont nous baptisons les choses, les événements, les êtres, les phénomènes pour ne pas oublier que nous les avons croisés déjà, que tout est là, à portée de notre main, ou bien trop loin, si loin. Les noms n’existent pas, ils nous aident à parler, à nous repérer, nous inventer. Usage cosmique de l’onomastique. Quand les platitudes atteignent des sommets, que faire sinon ramper ? Moins d’ambitions, plus de clarté. Avise les nuées et ne te retourne pas. Aimer quelque chose qui n’existe pas, une chose dont on sait qu’elle se dissout dans l’infini, grand et petit, touche au sublime, comme une résistance de l’individu face à ce qui lui échappe, qu’il embrasse et méprise dans le même mouvement. Quand tous ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi, quand la population mondiale se divise en pro- et anti- n’importe quoi, n’est-il pas salvateur de s’attacher à l’infime, l’intangible, ce qui est toujours sur le point de basculer dans le néant ? Ontologie précaire de l’univers.