16.7.21

Le capitalisme réduit le degré d’abstraction de la conscience à zéro. Fais ce que tu veuxSimplement fais-le (mais quoi ? la question est béante comme la bouche de qui la pose), Viens comme tu esSois qui tu es — tous ces impératifs d’une concrétude achevée fonctionnent comme des réducteurs d’élévation ; tout est si terre à terre, tout est si simple pour qui ne doit pas dépasser son propre point de vue. En ce sens, il n’y a pas de différence de nature entre le consommateur et l’entrepreneur capitaliste : l’un doit maximiser sa jouissance dans la dépense, l’autre maximiser son profit dans l’accumulation. Un seul principe du maximum pour tous, l’égalité parfaite s’accomplit dans la trivialité de l’existence répétée à l’infini. Quiconque nourrit d’autres désirs est réactionnaire. C’est-à-dire fou. Même les apôtres de la décroissance sont pris au piège du concret, du trivial, du terre à terre : il n’y a pas d’horizon, pas de hauteur, rien que le négatif du maximum, un minimum vital d’où tout espoir autre que la répétition à l’infini de la pauvreté volontaire est absent. Maximiser, minimiser, d’un bout à l’autre de l’échelle, tout se ressemble terriblement. Pour qui veut sortir de l’alternative, scier les barreaux de l’échelle, peut-être ne reste-t-il qu’à savoir croire. Oui, mais quoi croire en quoi ? Je regarde les barreaux rouillés de la grille. Derrière se trouve un terrain vague, presque trop petit pour mériter ce nom. Un espace incompréhensible, comme un point d’interrogation planté là au milieu de tout ce que l’on sait déjà, de toutes nos convictions, nos combats, nos luttes, nos malédictions. Je le regarde et puis je m’en vais.