Si une journée passée dans une voiture ne sert à rien, à quoi bon la raconter ? À rien. Ou bien alors à l’oublier ? Ou bien encore à en faire d’elle quelque chose qu’elle n’était pas destinée à être ? De fait, je n’ai rien à raconter de cette journée. Rien de mémorable. À l’exception de ces trois heures incompréhensibles dans les environs de Parme, trois heures durant lesquelles, c’est pour cette raison que nous nous en souviendrons, il ne se passa rien puisque nous ne bougeâmes pas, n’avançâmes pas. Presque pas. Ou alors au pas. Preuve de l’existence de la vie moderne. Absolue. Trois heures. Heures mortes, c’est le cas de le dire. Chaos immobile. Masse d’êtres hagards qui ne comprennent pas pourquoi ils sont là alors que c’est précisément là où ils devaient être, là où ils voulaient être. Le mouvement a ceci de paradoxal qu’il ignore tous les points par lesquels il doit passer sans lesquels il ne saurait exister, mais réduit à ces points, il n’existe plus. En somme, enfin, non, en division, le mouvement est et n’est pas la somme des points qu’il parcourt. Mais alors, bougeons-nous seulement ? Matière à paradoxes éléates, sauf que rien ne bouge que ce qui possède en soi le principe de son mouvement. Quelques heures plus tard, enfin parvenus à destination, dans la rue, je regarderai l’enfant danser. Perfection en acte, en acte c’est-à-dire en mouvement, perfection en mouvement qui épuiserait même le plus désenchanté des désespoirs.

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