La légèreté de l’esprit. 10.

Là où j’étais assis, devant un mur bleu gris, j’entendis un chien qui hurlait, pleurait, me semblait malheureux. J’écoutais sa plainte déchirante, et j’en fus ému. Non pas aux larmes, plus profondément. L’écoutant, je notai : Tout se joue dans la peur, la peur d’être seul, de mourir, de ne plus rien avoir à dire, de n’être pas entendu. De n’exister plus. Est-ce la peur qui nous incite à nous projeter dans l’avenir, à ne pas vivre là où nous sommes, quand nous sommes, à toujours chercher au contraire ce temps d’avance ? Et ajoutai pour moi-même : Qu’est-ce qui me distingue de ce chien qui hurle à la mort, à la lune, à ses maîtres et possesseurs, à l’absence ?