23.7.22

Beau même si un peu étrange de se sentir en automne ce matin. J’avais besoin de changer d’air. Voilà qui est fait. Je traverse le cimetière, le jardin, je cours, je marche, je bouge plus en quelques jours à peine qu’en tous ces derniers mois réunis. Tout est bien, alors ? Non, n’exagérons rien. Ce n’est pas comme si je ne voyais pas la misère, en l’espèce, ces livreurs agglutinés pendant leur pause qui piratent les engins de la mobilité douce et municipale pour accomplir les basses besognes du capital mondial. Mais il paraît que la République française s’enorgueillit d’avoir autorisé qu’on détruise encore un peu plus le monde, alors tout va bien. Marchant dans les rues, je croise un type qui gueule : « Wallah, j’ai une bite, moi, et deux couilles, deux couilles », insiste-t-il, ou alors dit-il « boules », je ne sais plus, il fait des gestes en direction de, évidemment, et puis il parle d’argent, et puis je n’écoute plus, je poursuis ma route. Ça sent la misère, en effet, et la misère renvoie à ce qu’il y a de plus primitif dans l’humanité, le sexe et l’argent, et ce n’est pas franchement reluisant, non. Comme hier, sur un fauteuil, je me suis assis dans le jardin. Je m’étais dit : le premier que tu trouveras de libre, tu t’assoiras dessus, sorte de commandement du flâneur, et c’est ce que je fais, obéissant à moi-même. Ouvrant la porte, dans l’après-midi, à peine rentré de ma pérégrination (plus tard, je reparlerai peut-être de son but), je ne reconnais pas tout de suite M., et puis je vois son visage, et tout s’éclaire. Tout est clair. N’est-il pas indiscutable, malgré toute la misère, que tout est exactement comme ce devrait être ? Ce qui est beau, effrayant et beau.