31.7.22

N’ayant pas trouvé le temps d’écrire avant le soir, de toute la journée, je n’ai pensé qu’à écrire. À quand je trouverai le moment de. Dès le matin, je me suis dit : tout ce dont j’ai besoin pour vivre, c’est d’une table, d’une chaise et d’un instrument d’écriture. Mais ce n’est pas exact. Pour vivre, j’ai besoin de plus. Pour vivre, j’ai besoin de moins. Rien que d’un instrument d’écriture. Et encore, ne pourrais-je m’en passer ? Sans doute : il faudrait que je compose toutes mes phrases et que je les apprenne par cœur, m’assurant de n’en oublier aucune. Mais ce ne serait plus écrire. Vraiment ? Non, ce ne serait plus écrire. Écrire s’est développé comme autre chose que la composition de phrases jusqu’à prendre cette forme de plus en plus absurde, de moins en moins intéressante, qu’on appelle désormais littérature, et qui ne fait rien que dégoûter qui l’aime de l’écriture. Mais ce n’est pas cela dont je voulais parler. Mais de quoi ? Je ne sais pas. Quand je n’écris pas, je pense à écrire. Et quand j’écris, je pense souvent à autre chose qu’écrire. Comme à ma peau rouge, pas méditerranéenne du tout, qui a réagi au soleil de Bretagne. Ça chauffe. J’enduis les zones qui d’une épaisse couche de crème portant le doux nom de Posthelios, un gros tube aux couleurs grecques, destiné à apaiser les effets de l’exposition à. Il est 23h30. Je bâille, mes yeux se ferment. Demain, je trouverai le temps. Demain, je trouverai la forme. (C’est un mensonge ; j’ai écrit « la forme » au lieu de « la force ».)