20.2.17

20.2.17

Aujourd’hui, traduit une dizaine de pages des araignées en écoutant le Clavier bien tempéré parce que ces vieux immeubles sont si mal isolés que j’entends le voisin du dessus jouer à son jeu vidéo de foot, les faux commentaires débiles qui doivent faire partie du jeu, et les cris qu’il pousse quand il marque ou prend un but, je ne sais pas, mais on dirait un animal. Même si ce n’est pas de la grande littérature, je ne peux pas me concentrer avec ces bruits de sauvage. Et puis, j’ai la vision d’une humanité dont la civilisation est si avancée qu’elle est devenue analphabète parce qu’elle n’a plus besoin de savoir lire. Les gens font du sport, travaillent, baisent, se divertissent, et cela suffit à combler tous leurs besoins.

Et non, la littérature n’est pas un divertissement.

Dans l’histoire avec des araignées que je suis en train de traduire, il est question de fin du monde, d’apocalypse nucléaire et de toutes les choses de ce genre. — Ne crois pas que la fin du monde, ce sera comme ça, la fin du monde sera déclenchée par un type analphabète et bodybuildé à mort qui croira jouer à un jeu vidéo.

Le mélange des genres entre mon histoire avec des araignées et Bach est évidemment impossible, mais la musique forme comme une sphère protectrice contre les agressions décérébrées du voisinage ; — étrange musique des sphères.

Après, j’ai eu envie d’aller courir, histoire d’aller suer l’esprit de mon espèce en voie d’extinction.