25.2.17
Rien.
La tentation même d’écrire : « Rien. », simplement, un point c’est tout. Mais je sais que ce serait fat parce qu’évidemment, ce n’est pas rien écrire. C’est même tout le contraire, c’est une pirouette autour de l’acte d’écrire. Or, une pirouette n’est pas un paradoxe, elle ne pose pas un problème, ressemble plus à des simagrées, grimaces pour te faire remarquer, te faire peur aussi, parce que celui à qui tu adresses ces grimaces peut vouloir te rattraper, finir par y arriver, et te demander des comptes (souviens-toi, enfant). À cette tentation, je préfère encore la première page du Journal de Gombrowicz, qui répète le même mot : moi, moi, moi, et a ainsi le mérite d’être honnête. « Rien. » ne l’est pas, qui fait semblant, au contraire ; bien sûr qu’il y a quelque chose, ou alors « Rien. », c’est ce vers quoi tu tends, le silence. Mais il faut se méfier d’une telle métaphysique (comme ceux qui décident de se taire vraiment, muets volontaires, ascètes de la parole) parce que, surtout en plein silence, le bruit est assourdissant. — Cage l’avait bien compris.
Filets de hareng et pommes de terre fumantes.