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John Cage | R3 (from the Where R=Ryoanji series), 1983, drypoint, Image Size- 7 x 21-1_2″, Paper Size- 23-1_4 x “, Edition 9-1_4

John Cage, R3 (de la série Where R=Ryoanji), 1983

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L’entrée d’hier, plutôt que de la seulement barrer, de la maintenir tout en la dépassant dans une espèce de mécanique dialectique égocentrique, je l’ai purement et simplement effacée : horribles jérémiades qui auraient fait passer le bon Jean-Jacques lui-même pour un dur à cuire. Je préfère un vide, un trou béant, plutôt que le trop plein des considérations larmoyantes, des émotions boursoufflées qui dégoulinent le long du texte. L’entrée d’hier, de plus, aurait dû être musicale, à cause de la journée passée à jouer avec rome buyce night. Ce sont toujours des moments de grande joie : la musique improvisée a des vertus libératrices, elle libère des énergies qui, autrement, resteraient inexprimées. Et même si ce n’est pas toujours bon, ce n’est pas là le plus important. Non, il est ailleurs, dans les énergies ainsi libérées qui s’expriment en circulant entre les musiciens.

Les mauvais musiciens font de bons philosophes et les mauvais philosophes de bons écrivains. — Il me semble que c’est une hiérarchie que je présuppose, que j’ai toujours présupposée, plus ou moins consciemment, et dans laquelle je me situe finalement au plus bas de l’échelle. J’aurais voulu être musicien, j’ai fait des études de philosophie et puis, voilà que je me retrouve à publier des récits, des nouvelles, des essais, des romans. Cette hiérarchie vaut ce qu’elle vaut — je veux dire : d’autres ne la trouveront peut-être pas à leur goût —, mais elle me semble indéniable. Elle implique notamment que les écrivains qui ne sont ni musiciens ni philosophes ne sont pas bons à grand-chose.