7.1.18

Cette nuit, Daphné s’est réveillée vers trois heures du matin. Multiples tentatives de l’aider à se rendormir, couronnées de succès relatifs, répétées jusque vers six heures trente du matin quand il fallut bien se résigner à prendre le petit-déjeuner. — La matinée s’annonce brumeuse, par suite de la nuit chaotique.

Lutte interminable avec soi-même, pour n’être pas aigri ; — ce qui est fort probable lorsqu’on est si peu en phase avec son époque, si peu de son temps, lorsqu’on ne peut pas se résoudre à tremper dans le bain tiède du contemporain tant on en trouve l’eau passablement trouble, comme une mare où l’on se soulage un peu trop librement.

Lecture, hier, du Diable amoureux de Jacques Cazotte. Roman dont on ne peut certes pas faire une lecture noire, parce que c’est une œuvre somme toute légère, mais dont on comprend tout de même qu’on ait pu le tirer en ce sens parce que sa morale est si faible, les raisons de ne pas succomber si peu contraignantes qu’on se demande bien comment Alvare ne s’abandonne pas corps et âme à Biondetta. Raisons si peu convaincantes qu’elles laisseront Baudelaire froid, qui écrira quelques décennies plus tard : Ô mon cher Belzébuth, je t’adore ! Cazotte écrit en étant convaincu de la positivité de l’histoire. Et il a tort, ce qui lui coûtera littéralement la tête. Baudelaire sait, au contraire, que l’histoire est négative, ce pourquoi il s’abandonne à Satan et, au lieu de lui résister, succombe à ses charmes parce que c’est là la seule façon de jouir, la seule façon de vivre.

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