On te jette le monde à la gueule jusqu’à ce que ta foi, ta voix, tout ce qui participe de toi soit frappé d’indifférence, et que cette indifférence finisse par sembler naturelle, à toi comme à tous. — On, appelle ça : la Famille, l’État, le Pouvoir, l’Homo Œconomicus, et caetera, toute cette faune de majuscules qui dépeuplent l’univers. — On, c’est le mouvement incessant de la substitution : une vérité indiscutable à la place des toutes les phrases que tu pourrais bien vouloir inventer, et écrire, un comportement unique au lieu de tous les gestes qui seraient autant de façon de faire les choses, de faire des choses, de faire quelque chose, de faire n’importe quoi. Tu ne te jettes pas au monde, tu ne te jettes pas dans le monde, c’est le monde qu’on jette à toi, se présente dès lors comme un mur, une impasse, un nombre plus grand, un principe plus puissant.
Comment ne pas baisser les bras ? Comment, surtout, ne pas se poser de questions auxquelles on répondra toujours par des réponses a priori, qui te précèdent et te laissent sans voix, justement sans voix ?
La fatigue est tombée sur tes yeux. À supposer que quelque chose en ait jamais eu, plus rien n’a de sens.
Regarde les choses par la fin, le moment où elles s’effondrent, usines en flammes, routes détruites, processions de femmes et d’hommes sans rien qui les relie. Est-ce que quelque chose les a jamais reliés ou n’était-ce qu’une façon de survivre comme une autre, une illusion pour ne pas mourir tout de suite après avoir compris ? Regarde les chose par le début, y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Les gens passent à la télévision. Mais est-ce une réponse à la question : pourquoi les regarde-t-on ? (Insiste pour qu’on entende le double point d’interrogation.)
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