20.7.18

Lénifiantes Triadic Memories de Morton Feldman. Dans l’après-midi, j’aurai écouté Palais de Mari, For Bunita Marcus (interrompue à cause d’un problème de fichier), et donc Triadic Memories. Étrange climat sonore : la musique de Feldman, le vent qui souffle et fait tinter aléatoirement le cordon pour allumer la lampe de bureau Bauhaus au bout duquel pendule une petite boule de métal, le ventilateur qui souffle un peu d’air chaud ou, du moins, jamais assez frais à mon goût, le bruit des travaux de l’autre côté de l’avenue et les lyriques cigales qui ne s’épuisent pas, elles, à cause de la chaleur. Au contraire. Plus envie de dormir que de travailler, mais il faut avancer. Avancer, malgré tout. À la fin de l’après-midi, je parviens à la moitié environ du travail. Enfin. Je sais à quoi la semaine qui vient sera consacrée. Aussi, ne reste-t-il pas beaucoup de place pour le reste. Tant pis. Ou tant mieux. Ne vaut-il pas mieux que les choses soient en silence plutôt qu’en souffrance ? Pas envie de travailler, mais tu travailles quand même.

Mon frère est drôle. Un sens de l’humour particulier, certes, mais drôle, oui. Ce qui nous sauve, sinon la vie, du moins la mise.

Ce matin, couru 10 km. Chaud, lourd, désagréable. Envie de m’arrêter avant d’arriver au bout, mais non. Au bout de quoi ? Entêté. Ce n’est pas une affaire de volonté. Je crois que ça confine surtout à la bêtise parfois. Ou à l’envie de se faire mal. Je ne cours pas vite, non, puisque je ne cours pas pour avancer, puisque je ne cours par pour aller quelque part. Peut-être que je cours pour faire du surplace. Mais alors pourquoi ne pas y rester justement — surplace ?

Est-ce que la musique de Feldman va quelque part ? Assurément. Et pourtant, dans ces plages longues, immenses, qui se dilatent dans le temps, pleines de vide, pleines de rien, pleines de silence, perçoit-on immédiatement qu’on y va ? Probablement pas. Et pourtant. On avance sans aller nulle part. On reste là où l’on est en touchant au but.

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