V.

Le monde fuit de toute part
et moi
je me contente de l’écrire
n’est-ce pas ironique
enfin
de se contenter d’écrire quand on pourrait
je ne sais pas moi
franchir le seuil
se mêler à la foule qui hurle pleure bat en retraite de peur — c’est la nature qui parle c’est ta nature qui parle —
de peur de mourir ?
n’ai-je pas déjà battu en retraite
moi aussi
il y a longtemps ?
et maintenant
caché derrière ma fenêtre sur le monde depuis le sixième étage à peine
je ne suis la conscience de rien du tout
je contemple le vide parfait du temps qui s’admire
édifie des temples de lumière à sa petite gloire pour les éteindre quand l’occasion se présente
et ne s’aperçoit jamais
— pas question —
tout occupé de lui-même qu’il est
ne s’aperçoit jamais qu’il ne vaut
rien.